En juin 2025, les équipes du Geres ont organisé un study tour entre la Mongolie, la France et la Belgique pour réunir les parties prenantes autour d’un objectif précis : renforcer les échanges de bonnes pratiques en matière de rénovation énergétique, d’isolation thermique et de finance durable au service de la transition énergétique en Mongolie.

Un study tour et deux projets ; entre la Mongolie, la Belgique et la France

Ce voyage d’étude s’inscrit dans deux projets menés sur le territoire mongole : le projet « Switch Off Air Pollution 2 (SOAP) », financé par le programme SWITCH-Asia de l’Union européenne et le projet FRESH soutenu par l’Agence française de développement (AFD), développés en Mongolie afin de réduire la pollution atmosphérique en améliorant l’efficacité énergétique des maisons individuelles.

Du 21 au 29 juin 2025, le Geres aux côtés de ses partenaires, a organisé un voyage d’étude (ou study tour) en France et en Belgique pour partager sur les bonnes pratiques liées aux projets menés en Mongolie (SOAP et FRESH). Aux côtés de nos chef·fes de projet étaient présent·es : un parlementaire de la délégation mongole, un représentant de la municipalité d’Oulan Bator, des représentant·es de la banque centrale et d’institutions financières ainsi que l’agence de régulation. 

Ces visites, réunions et rencontres ont permis aux participant·es d’en apprendre davantage sur les expériences européennes en termes de rénovation énergétique et leurs modèles de financement. 

Les échanges ont été particulièrement riches : ils ont permis d’adresser les défis présents sur le territoire Mongol (notamment en termes de mise à l’échelle) et d’ouvrir de nouvelles perspectives de collaboration internationale. L’objectif premier étant d’intensifier la rénovation énergétique en Mongolie, notamment dans les zones de gers (quartiers précaires et périphériques des agglomérations mongoles), réduire la pollution atmosphérique, le tout en diminuant les émissions de GES et en améliorant le confort et la santé des habitant·es. 

Échanger, comprendre et partager les bonnes pratiques existantes européennes

Ce voyage d’étude a débuté à Paris, où la délégation a examiné les stratégies et les innovations en matière d’efficacité énergétique dans le cadre bâti, de finance verte et de rénovation thermique de l’habitat. À Bruxelles, l’accent a été mis sur les mécanismes financiers, les cadres politiques et les rénovations de logements à grande échelle, avec des visites de projets de logement exemplaires et des échanges avec des institutions européennes.

Une approche écosystémique nécessaire

Les expériences menées en Europe mettent en évidence le rôle clé des agences nationales du logement, des collectivités, des résident·es et des opérateurs de l’habitat dans la rénovation et l’efficacité énergétique, ainsi que la nécessité de disposer de cadres intégrés et opérationnels.

Plusieurs agences, réseaux et entreprises ont été rencontrées lors de ce study tour, notamment pour fournir des exemples concrets en matière de structures et politiques publiques engagées dans la rénovation énergétique : L’Agence nationale de l’Habitat (ANAH), qui gère les subventions à la rénovation pour les ménages à faibles revenus, SOLIHA, un partenaire historique du Geres, qui fournit une aide complète à la rénovation de l’habitat privé, l’entreprise sociale Ressorts pilotant le projet ‘Energiesprong’ en France, ou encore l’Agence Parisienne du Climat qui offre des conseils techniques et orientations financière dans les projets de rénovation. Pour la Belgique, ont été présentées la Société Logement de Bruxelles Capitale et Comensia, qui montrent l’importance d’une planification à long terme pour transformer les logements sociaux en bâtiments modernes et efficaces énergétiquement.

Financement inclusif; accès à l’information et incitations proportionnelles : clés de la réussite des programmes de rénovation

Les expert·es ont rappelé que la réussite des programmes de rénovation durable reposait sur trois leviers complémentaires : des mécanismes de financement inclusifs, permettant aux ménages modestes et intermédiaires d’accéder à la rénovation, des intermédiaires techniques capables de fournir des informations non biaisées, et des incitations proportionnées, qui soutiennent aussi bien l’offre (constructeurs, ingénieurs, entreprises de services énergétiques) que la demande (ménages). 

Des modèles innovants, comme Energiesprong en France, montrent le potentiel de solutions industrialisées – par exemple des façades isolées préfabriquées, des toits solaires intégrés et des garanties de performance – pour atteindre des logements à consommation énergétique nette zéro. Si les coûts initiaux demeurent élevés, la standardisation et le déploiement à grande échelle peuvent, à terme, les réduire significativement. 

Enfin, le cabinet de conseil européen Climact souligne que les subventions, à elles seules, ne suffisent pas : l’innovation, la disponibilité de main-d’œuvre qualifiée et l’évolution des comportements sont tout aussi essentiels. Bankers Without Boundaries, un innovateur en matière de finance verte et durable, souligne l’importance des solutions de financement mixte, impliquant les acteurs publics et privés.

De belles opportunités pour la Mongolie qui se profilent

Au cours de la visite, la délégation mongole a présenté les problèmes urgents auxquels le pays est confronté : logements inadaptés dans les quartiers de yourtes (‘ger districts’), pollution atmosphérique hivernale sévère et obstacles financiers pour les ménages. Les échanges avec la Banque européenne d’investissement (BEI), la Commission européenne (DG INTPA, SWITCH-Asia) et l’Agence française de développement (AFD) ont mis en évidence des pistes potentielles de coopération et d’investissement.

La Commission européenne a également présenté les opportunités dont la Mongolie pourrait tirer parti pour intensifier la rénovation des logements et le développement urbain durable.

La rénovation énergétique repose sur la synergie des acteur-ices des territoires

Le voyage d’étude a démontré que la réussite de la rénovation nécessite plus que des subventions : elle repose sur un écosystème solide de politiques, d’outils de financement, de compétences et d’innovation émanant du monde des entreprises sociales et de la société civile.

En France, l’ANAH, SOLIHA, l’APC, des entreprises sociales, l’AFD ainsi que des habitant·es engagé·es montrent comment les politiques publiques, les acteur·ices locaux·ales et la société civile peuvent travailler de pair pour rendre les rénovations abordables et inclusives.

En Belgique, la SLRB et Comensia soulignent le rôle du logement social comme levier pour un développement urbain équitable et durable.

Pour la Mongolie, l’adaptation de ces approches offre une voie claire pour :

• étendre la rénovation dans les quartiers de gers et les logements urbains,
• favoriser l’émergence d’un cadre réglementaire et financier favorable à la rénovation énergétique, 
• combler les déficits de financement grâce à des outils inclusifs, et
• établir des partenariats solides avec des institutions européennes et internationales.

Grâce à ces échanges et la mobilisation des participant·es du study tour, la Mongolie se positionne pour accélérer sa transition énergétique, réduire la pollution atmosphérique et améliorer la qualité de vie grâce à des logements mieux isolés.