L’électrification des activités productives au Sahel : une condition de la résilience des territoires ruraux
Qu’est-ce que l’accès à l’électricité ? Pourquoi s’y intéresser ? Comment les taux d’accès sont-ils calculés ? Quelle réalité terrain se cache derrière les chiffres ? Ces concepts permettent-ils à chacun.e de sortir définitivement de la pauvreté ou de la précarité énergétique ? Et comment aborder l’objectif d’accès universel ?
Autant de questions auxquelles il faudra répondre pour permettre aux populations d’atteindre un plancher social [1], garantissant des conditions de vie dignes. Ce décryptage de fond s’appuie sur l’expérience terrain du Geres.
Temps de lecture : 20 minutes.
L’objectif de développement durable (ODD) n°7 entend « garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable » d’ici 2030. Les tendances et les prévisions actuelles sur le secteur montrent que nous aboutirons à un échec massif de cet objectif.
Si les types d’énergie et les solutions énergétiques sont particulièrement diversifiés, cet article traitera spécifiquement de l’accès à l’électricité. Dans ce domaine, d’ici la fin de la décennie, plusieurs centaines de millions de personnes demeureront non desservies par un service électrique, en particulier en Afrique subsaharienne.
Energie et développement : la situation au Sahel
Le Sahel est aujourd’hui l’une des régions les plus vulnérables de la planète. Les situations de pauvreté extrême, une insécurité alimentaire chronique, une diversification économique limitée, de fortes croissances démographiques, de faibles niveaux d’accès à l’éducation et à l’emploi, un manque d’accès à l’énergie et aux services essentiels font partie des défis auxquels la région fait face. Ceux-ci sont largement accentués par une vulnérabilité importante des populations face aux changements climatiques, et à un contexte sécuritaire dégradé.
Le niveau des services essentiels fournis, notamment en milieu rural (accès à l’eau, à la santé, à l’éducation, à la sécurité), reste limité quand il n’est pas inexistant. Les activités productives, premier levier de création de valeur ajoutée et d’emplois au niveau local, peinent à se développer et/ou à se mécaniser, maintenant les populations dans un environnement peu attractif, notamment pour les jeunes.
« Face à ce constat de vulnérabilité, des solutions existent, mais peu sont envisageables sans un accès durable, fiable et abordable à l’énergie ».
Depuis deux siècles, et l’utilisation croissante d’instruments de production mécanisés, l’amélioration des conditions d’existence (espérance de vie notamment) est étroitement liée à la croissance de la consommation d’énergie. L’indice de développement humain (IDH) – fonction du PIB, du niveau d’alphabétisation et de l’espérance de vie – et la consommation d’énergie d’un pays sont ainsi directement corrélés [2].
En Afrique de l’Ouest, toutes les nouvelles activités productives, qu’elles soient liées à la transformation agroalimentaire, aux NTIC, à la production de froid ou encore à la mécanique, et les créations de services et d’emplois afférentes, sont permises, comme ailleurs, par l’utilisation croissante des énergies.
L’accès à l’énergie des populations rurales du Sahel est donc un levier indispensable à leur développement économique, possiblement décrit comme la traduction monétaire de l’amélioration des conditions de vie (revenus, alimentation, accès à l’eau, santé, éclairage sécurité, etc.).
Une offre locale inégale face à une explosion de la demande territorialisée
A l’échelle mondiale, la consommation énergétique d’un Terrien moyen n’a cessé d’augmenter depuis deux siècles (cf. graphique ci-contre [3]. Cependant, cette tendance moyenne cache de réelles disparités territoriales, internationales mais aussi nationales et locales [4].
« La consommation électrique annuelle moyenne d’un Français avoisine les 5 000 kWh [5] quand un Malien rural connecté à un mini-réseau ne consomme qu’environ 50 kWh/an«
Si la consommation électrique totale du Mali a doublé entre 2005 et 2015 (augmentation principalement couverte par les énergies fossiles et également liée à la forte croissance démographique) et qu’une nouvelle explosion de la demande est en cours et perdurera a minima jusqu’en 2030, cette évolution masque un accroissement marqué des inégalités entre les populations urbaines et rurales, raccordées au réseau ou offgrid (hors réseau)
Les estimations indiquent ainsi un taux national d’accès à l’électricité dépassant les 80 % en zone urbaine, contre moins de 20 % en zone rurale [6]. Mais que signifient ces chiffres ? La réalité de l’accès à l’électricité des populations rurales est difficile à cerner ; un exemple concret au Mali permet de comprendre les incertitudes liées aux chiffres annoncés.
Les données du tableau ci-contre indiquent qu’en 2019, dans le cercle de Yorosso, 3 des 93 villages sont considérés comme électrifiés. 13 % de la population vivraient donc dans des villages possédant un accès à l’électricité. Cependant, seuls 3,3 % de la population totale du cercle disposent d’un accès par compteur à l’électricité.
Le service fourni par le gestionnaire de mini-réseaux ne couvre par ailleurs que les horaires d’utilisation nocturnes (18h à 1h du matin) et est limité en puissance. Permet-il aux populations de sortir de la pauvreté ou de la précarité [7] énergétique ? La réalité du terrain est souvent différente de celle que les rapports sur le secteur entendent présenter.
Cet « accès à l’énergie » demeure certainement inadapté, notamment au développement des utilisateurs productifs (cf. ci-dessous), et reste bien en-deçà des services proposés par le réseau national ou de ceux dont disposent les populations occidentales.
L’énergie solaire n’est qu’une partie de la solution
Selon le mix énergétique actuel d’un pays et son taux d’électrification constaté, les énergies nouvelles renouvelables peuvent être un moyen de répondre aux besoins énergétiques d’une population tout en limitant l’impact du développement sur les changements climatiques en cours.
En zones rurales, l’essor des énergies renouvelables apporte par ailleurs de nouvelles possibilités d’électrification pour les territoires enclavés, la baisse des prix des matériels, notamment solaires, observée ces deux dernières décennies ayant suscité un intérêt croissant pour la décentralisation de la production électrique.
Cependant, force est de constater que la croissance des investissements et l’intérêt pour ces solutions innovantes n’atteignent pas les niveaux de résultats attendus et nécessaires pour garantir un accès à l’électricité au plus grand nombre. Si ces technologies permettent d’afficher une certaine rentabilité en Afrique de l’Ouest lorsqu’elles sont raccordées au réseau interconnecté (électricité directement injectée sur le réseau national), les contraintes auxquelles sont soumis les opérateurs offgrid sont tout autres.
Deux principales solutions basées sur une production solaire sont actuellement disponibles pour fournir un accès durable aux populations offgrid : les lampes et kits solaires (aussi appelés SHS, solar home system) autonomes et individuels (puissance généralement inférieure à 1 kWc) et les mini-réseaux décentralisés (puissance généralement supérieure à 10 kWc).
- Les kits individuels
Les kits solaires domestiques de type SHS actuellement proposés sur le marché ne permettent généralement pas d’atteindre un niveau d’accès à l’électricité satisfaisant à l’égard du cadre multi-niveaux (MTF) proposé par la Banque mondiale [8], et n’autorisent donc pas, plus concrètement, à sortir de la pauvreté énergétique.
Trop rares sont les activités économiques qui peuvent être alimentées à partir d’une telle source d’énergie, en considérant un modèle économique viable, et soutenir une augmentation de la productivité et un réel développement socio-économique local.
En effet, si les revenus des activités productives rurales restent souvent limités, les kits doivent être dimensionnés pour couvrir les besoins de l’activité tant en puissance qu’en énergie afin de permettre un accès qualitatif aux entrepreneurs. Ceci implique un surdimensionnement – et donc un coût – important pour les TPE « énergivores », tandis que les activités moins consommatrices se verront également limitées par le prix « plancher » des technologies solaires (matériels et opérations des commerçants).
Enfin, la gestion du système de production d’électricité par l’utilisateur final est souvent la cause du raccourcissement de la durée de vie du matériel et donc, le cas échéant, de la difficile rentabilisation de ces systèmes par les TPE. Très peu d’activités économiques ont su, jusqu’alors, démontrer une viabilité généralisée en étant électrifiées par des solutions type SHS.
Les kits individuels ont donc un intérêt limité pour les activités productives tandis que les coûts d’investissement des « SHS productifs » (SPS [9]) restent inaccessibles pour l’immense majorité des utilisateurs potentiels. Ces solutions individuelles ne permettent donc pas de répondre à l’objectif d’accès universel à l’électricité.
- Les mini-réseaux décentralisés
Sur le secteur des mini-réseaux décentralisés, la croyance généralisée selon laquelle les énergies renouvelables (et en particulier le solaire photovoltaïque) seraient « moins chères » que les énergies fossiles n’est pas systématiquement vérifiée sur le terrain.
Au Mali, une étude terrain réalisée par le Geres [10] pour l’Agence Française de Développement a montré que l’hybridation d’une centrale thermique autonome ne permettait, selon les conditions d’utilisation, de diminuer le coût de production de l’électricité que de 5 à 20 % [11], si l’ensemble des charges d’investissement était couvert par l’opérateur.
Le graphique ci-contre montre que lorsque l’on intègre une part de production solaire, seule la structure de coûts est fortement modifiée, mais pas le montant total.
Ceci permet de faire basculer le risque lié à l’évolution du coût du gasoil (dont la volatilité est importante) vers un risque d’investissement nécessitant une visibilité à moyen terme difficilement promise aux opérateurs. Si cette évolution ouvre de nouvelles opportunités d’ingénierie financière aux opérateurs, les économies restent donc limitées par rapport aux risques encourus par la réalisation de tels investissements, sur des terrains d’intervention souvent instables politiquement, juridiquement et économiquement.
« L’alimentation d’une centrale autonome ou l’hybridation d’une centrale thermique autonome par les énergies renouvelables permet avant tout de limiter les dépenses de fonctionnement (notamment de carburant) et donc d’améliorer la trésorerie des gestionnaires de mini-réseaux décentralisés. »
Mais en l’absence de dispositif de soutien au renouvellement du matériel, cette trésorerie doit être provisionnée par l’opérateur pour faire face aux coûts de renouvellement des matériels usagés, en particulier des batteries dont la durée de vie est réduite dans les régions chaudes.
Investissements initiaux colossaux nécessitant un accès aux subventions, coût de revient encore élevé de production d’un kWh (généralement estimé entre 0,25 et 0,40 €/kWh), difficultés à estimer la consommation à venir des ménages et donc à dimensionner correctement les installations, incertitude sur la durée de vie des matériels, faible niveau de formation des ressources humaines locales aux nouvelles technologies, notamment solaires, incapacité à fixer des compétences pointues en zone rurale enclavée ou encore faible disponibilité locale des pièces de rechange sont autant de facteurs limitant les possibilités de développement autonome des opérateurs indépendants.
Les opérateurs indépendants sont également contraints à facturer l’électricité approximativement trois fois plus cher que les prix proposés sur le réseau interconnecté pour couvrir leurs frais de fonctionnement, non-subventionnés.
« Confrontés à des problématiques techniques et économiques mal comprises par les populations comme par les institutions locales, ils doivent en plus mettre en place des activités d’intermédiation sociale importantes avec les responsables communaux, garants du bien commun, pour lesquelles ils manquent cruellement de ressources financières. Il serait bénéfique d’intégrer cette intermédiation sociale à la politique publique d’électrification. »
Enfin, la présence physique d’un mini-réseau et ou un accès à l’électricité ne suffisent pas à développer son utilisation. Le manque de moyens, d’équipements électriques et de biens de consommation des ménages ainsi que la faible capacité des TPE rurales à entreprendre ne permettent pas systématiquement un développement endogène. Les consommations des ménages ruraux, souvent limitées à la lumière et à la charge de téléphone, étant ainsi extrêmement faibles, la rentabilité des opérateurs de mini-grids reste insuffisante.
On observe par ailleurs qu’en l’absence de nouvel investissement de leur part pendant plus de deux ans (augmentation de la capacité de production, extension du réseau de lignes électriques, etc.), la consommation d’électricité stagne dans ces villages et la santé financière de l’entreprise se dégrade.
Le secteur de l’électrification rurale est donc marqué par un déficit d’offre et par des opérateurs contraints par un manque de planification et de stabilité des politiques publiques et par la faiblesse de la demande. Ces difficultés ne sauraient être surmontées par le seul recours à la technique.
Comment atteindre cet objectif d’accès universel ? Quel niveau d’accès et quel droit à l’électricité faut-il défendre ?
Face à ces problématiques, et malgré un environnement restant incertain, les acteurs privés se présentent comme des alternatives intéressantes, relativement réactives et adaptables aux contextes locaux, palliant certaines difficultés des entreprises nationales d’électricité.
Cependant, ces opérateurs de réseaux décentralisés ou distributeurs de kits solaires se tournent très majoritairement vers les clients solvables, ceux susceptibles de payer une facture mensuelle voire d’augmenter la rentabilité de l’entreprise.
En choisissant scrupuleusement leurs villages d’implantation ou leurs clients, grâce à des études diagnostics ou de « scoring client », ils écartent de fait une grande partie des populations de l’accès à leurs services, notamment les plus isolées et les plus démunies. Ces acteurs sont ainsi davantage centrés sur les innovations techniques, économiques et/ou financières (comme les systèmes de paiements en pay as you go [12]) et moins sur l’ingénierie sociale absolument nécessaire à l’atteinte de l’objectif d’accès universel.
La création de modèle de gouvernance adapté, développé en collaboration avec les institutions locales, et la formation des différents acteurs représentent des coûts importants pour ces opérateurs privés, prioritairement concentrés sur la rentabilité de leur activité.
Or, l’intégration de sources de production solaires (hybridation des mini-réseaux par exemple, maintenance des kits SHS, etc.) et leur exploitation et maintenance ne sont possibles qu’avec des compétences pointues, détenues par des personnes devant être implantées localement afin d’assurer le fonctionnement quotidien des installations et leur viabilité à long terme.
« Il est illusoire de penser que les acteurs privés s’occuperont seuls de la création des parcours de formation et du renforcement de capacités indispensables au développement local des filières d’énergies renouvelables, et notamment solaires, qui doivent favoriser l’électrification du plus grand nombre. »
Si, dans ces conditions, il est irréaliste de croire aujourd’hui au raccordement de chaque ménage à une source fiable, de qualité, appropriée et abordable d’électricité d’ici 2030, il est nécessaire de concentrer les efforts du secteur sur certaines activités et certains acteurs clés de l’accès à l’électricité. Ceci afin d’autoriser l’atteinte par chacun.e d’un « plancher social » avec des conditions de vie acceptables.
Institutions nationales et services déconcentrés de l’Etat, collectivités territoriales, agences nationales, ONG et acteurs de terrain locaux ou internationaux, mais aussi entreprises privées aux contraintes spécifiques, devraient ainsi travailler ensemble prioritairement à une régulation du secteur limitant les inégalités territoriales, promouvant une consommation d’énergie raisonnée et partagée, et associant les populations pour défendre les intérêts des plus démunis. Dans un monde contraint par la ressource, celle-ci devrait être vue comme un « commun » [13] afin que chacun.e puisse y avoir accès équitablement.
La création de parcours de formation adaptés doit permettre l’émergence de compétences locales nécessaires au développement du secteur. Des politiques publiques favorisant l’implantation durable de ressources humaines qualifiées dans les villes secondaires devraient être menées pour améliorer leur compréhension des enjeux et spécificités des zones enclavées dans toute leur complexité (aussi bien sociale, que technique et économique).
Enfin, des mécanismes de subventions efficaces devront permettre de pallier les contraintes spécifiques des zones rurales et de renforcer les acteurs privés présents sur le terrain, une vérification de l’atteinte des objectifs fixés et la mise en place de stratégies inclusives. Une couverture des coûts étant nécessaire à l’implication du secteur privé, les décideurs devront prendre en compte le fait qu’aucun modèle d’électrification rurale permettant une sortie de la pauvreté énergétique n’a été développé sans une politique publique incitative et un dispositif de soutien efficient et pérenne.
Le raccordement des activités productives : une priorité
Enfin, si un accès à l’énergie suffisant pour l’ensemble des populations paraît donc peu probable à court terme, l’atteinte d’un plancher social garantissant des conditions de vie dignes peut aussi passer par l’accès à des services rendus disponibles localement grâce à l’électricité. A ce titre, l’électrification des utilisateurs productifs est une priorité à mettre en œuvre pour favoriser le développement économique des zones rurales.
« En fixant à la fois des revenus, des emplois et des compétences localement, cette solution permettrait d’accroitre l’attractivité des zones rurales – aujourd’hui abandonnées par les jeunes au profit des villes –, en valorisant les produits locaux, en favorisant la disponibilité de nouveaux services, en améliorant la résilience et l’autonomie locales et en promettant un avenir aux populations rurales. »
Les petites entreprises rurales travaillent aujourd’hui principalement à l’aide de groupes électrogènes, mal dimensionnés ou mal entretenus, fonctionnant à un facteur de charge [14] très inférieur aux 70 % conseillés.
Ceci augmente la consommation spécifique en carburant, et donc le coût de revient du kWh, et réduit la durée de vie du groupe électrogène.
Cette situation s’explique par le fait que certains mini-réseaux, en ne fournissant de l’électricité qu’à partir de la tombée de la nuit, sur des réseaux restant instables, ne répondent pas aux problématiques techniques des utilisateurs productifs.
Par ailleurs, comme évoqué ci-dessus, rares sont les modèles de kits solaires permettant d’électrifier des activités productives, à un prix abordable ou accompagnés de solutions de paiement adaptées à la capacité d’investissement et à la trésorerie des petits entrepreneurs ruraux.
« Si l’industrie du secteur commence à prendre conscience de l’importance des productifs, aux consommations plus importantes que les ménages, pour les modèles économiques des développeurs, peu d’acteurs sont encore disposés à répondre à leurs attentes technico-économiques. »
Ce segment de marché n’est donc pas encore couvert efficacement par les opérateurs de réseaux et les distributeurs de kits solaires. Ces utilisateurs de l’énergie restent mal connus et les solutions appropriées encore peu développées, notamment au Mali.
La connaissance de l’utilisation de l’électricité par les acteurs productifs est ainsi principalement fondée sur des suggestions, la réalisation d’enquêtes et d’interviews, mais on dispose encore de bien peu de données précises mesurées sur le terrain et tirées des expériences passées. L’imprévisibilité des courbes de charge liée à l’incertitude sur le développement des petites entreprises électrifiées demeure.
De son expérience de près de 15 ans au Mali, le Geres conclut que cette réponse aux besoins des petites entreprises devait allier trois facteurs :
- Des horaires de fonctionnement ininterrompues ;
- Un service de qualité quelle que soit la localisation du client dans le village ;
- Une tarification adaptée (qui ne signifie pas un kWh moins cher mais un prix du kWh en lien avec une qualité de service irréprochable).
Cependant, ce raccordement qualitatif, s’il est nécessaire pour développer une activité économique, n’est souvent pas suffisant. C’est un point de départ, qui s’accompagne alors rapidement d’un besoin d’amélioration globale de l’écosystème entrepreneurial : renforcement de capacités, accompagnement à la gestion d’entreprise et facilitation de l’accès au crédit et aux marchés.
Conclusion
A court terme, l’électrification des petites activités rurales devrait être fortement encouragée afin d’endiguer la dégradation des conditions de vie des ruraux et le creusement des inégalités territoriales. Si l’ODD n°7 ne devait pas être atteint d’ici 2030, permettre à des acteurs clés de l’économie locale de sortir de la précarité énergétique afin d’assurer la disponibilité de services ruraux restera un moyen d’agir pour l’atteinte d’autres ODD et ainsi de faciliter la mise en place des conditions adéquates au développement durable des populations.
Cela devra s’effectuer en favorisant la sobriété, avec des solutions efficaces en énergie et aux impacts climatiques et environnementaux réduits.
Décryptage réalisé par Alexis Caujolle, Responsable Programme Accès à l’énergie au Geres
[1] Le Geres travaille sur un modèle de développement permettant, en réduisant la pauvreté, à chaque individu de dépasser un plancher social lui assurant des conditions de vie dignes, tout en limitant son impact sur le changement climatique, en lui évitant de dépasser un plafond écologique.
[2] Source : Vaclav Smil (2017). Energy Transitions: Global and National Perspectives. BP Statistical Review of World Energy. Leandro Prados de la Escosura (HIHD). Leandro Prados de la Escosura (HIHD).
[3] Source : Vaclav Smil (2017). Energy Transitions: Global and National Perspectives. BP Statistical Review of World Energy. Leandro Prados de la Escosura (HIHD) – énergie primaire.
[4] Si seule la consommation d’électricité est étudiée dans cet article, il est important de noter que la majorité de l’énergie primaire utilisée en zone rurale des pays d’Afrique de l’Ouest provient du bois.
[5] 7 000 kWh/an en moyenne si l’on inclue les entreprises (industries, services, agriculture, etc.)
[6] Direction Nationale de l’Energie – Revue des Mines et de l’Energie (2016), données tirées du recueil des indicateurs de statistiques.
[7] Précarité énergétique : est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison notamment de l’inadaptation de ses ressources. La précarité est aussi caractérisée par un déficit d’accès à l’énergie, soit du fait de l’insuffisance de la fourniture d’énergie, soit du fait d’une énergie en quantité suffisante mais à un prix inaccessible. Le développement d’action de lutte contre la précarité est notamment en relation avec les critères « accessibilité », « disponibilité » et « fiabilité » de l’énergie.
[8] L’initiative Multi-Tier Framework (MTF) redéfinit la façon dont l’accès à l’énergie est mesuré, allant au-delà de la mesure binaire traditionnelle « connecté ou non connecté ». Lancé en 2015 par le programme ESMAP, le MTF collecte un ensemble complet de données au niveau national et les analyse pour livrer une image précise de l’état énergétique du pays, reconnaissant que l’accès à l’électricité est caractérisé par un éventail de services. Le MTF détaille donc 6 niveaux d’accès à l’électricité correspondant à une puissance disponible, à un nombre d’heures de service quotidien, au coût de l’électricité, à sa fiabilité, sa qualité, etc.
[9] Solar Productive System.
[10] Analyse de la situation de l’électrification rurale au Mali : Focus sur les opérateurs de services décentralisés, Geres, 2019.
[11] En considérant, en lien avec les données recueillies auprès des opérateurs au Mali, une pénétration de la production d’énergie solaire de 60 %.
[12] Le pay as you go est un service financier proposé par une entreprise à ses clients. Il se présente comme un système de paiement, permettant à un client d’échelonner ses paiements afin d’acquérir le produit en payant son coût total après habituellement 1 à 2 ans, et permettant à l’entreprise de bloquer le service à distance en cas d’impayés.
[13] Un bien commun est constitué d’une ressource et d’un ensemble d’acteurs ayant des droits sur celle-ci : comme construit social, il devient un commun lorsque les acteurs s’engagent dans une action collective pour définir le dispositif de gouvernance partagée permettant de le gérer durablement. Source : site internet du Gret.
[14] Le facteur de charge d’un groupe électrogène est le rapport entre la puissance appelée et la puissance nominale du générateur.
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