Quand l’accès aux financements freine la transition vers un modèle agricole viable

Contexte et enjeux

Marquée par une population nomade et semi-nomade, la Mongolie est historiquement le pays de l’élevage pastoral. Au fil des années, et notamment à la chute de l’URSS, le pays a vu sa population changer au même titre que ses habitudes de vie. On a alors vu l’agriculture se développer massivement avec de grands bassins de production, et ce, en parallèle d’un exode rural marqué et d’une rapide urbanisation des villes et agglomérations. 

Aujourd’hui, la Mongolie est quasiment autosuffisante en grains, mais l’importation de produits agricoles demeure très importante, afin de répondre à la demande croissante venant des grandes agglomérations. Le prix et la qualité des biens importés de leur voisin chinois restent controversés, et le besoin de développer une agriculture locale se fait ressentir de plus en plus fortement. Pour les petites exploitations agricoles, un réseau s’est construit au fil des années et représente désormais un bassin d’emplois prometteur. Malheureusement, la capacité d’investissement ou d’innovation de ces PME, souvent portées par des femmes, reste limitée, par manque de moyens bien sûr, mais aussi par manque de techniques, de formations, de contacts avec d’autres acteur·trices de l’écosystème. 

Les solutions bioclimatiques, et notamment serres solaires passives et celliers bioclimatiques, encouragées par le Geres, viennent renforcer les capacités des agriculteurs et agricultrices à développer des productions agricoles pérennes et développer leurs revenus. Afin d’assurer leur réplication et renforcer leur mise en œuvre, nous souhaitons accompagner les bénéficiaires de notre programme dans la conception d’un modèle financier d’investissement, qui leur permettra d’augmenter leurs chances d’accéder aux financements nécessaires. Par ailleurs, en Mongolie, la main-d’œuvre de production maraîchère étant représentée à 75% par des femmes, et ce dans un écosystème encore majoritairement patriarcal en zone rurale, nous voulons favoriser spécifiquement l’accès des femmes à des ressources, à des services financiers efficaces ainsi qu’à la propriété. 

Une approche innovante donc, car le programme favorise mais accompagne également ses bénéficiaires dans le financement autonome effectif de solutions agricoles durables, non chauffées. L’idée, in fine, étant de valoriser l’importance des petit·es producteur·trices dans le modèle agricole et d’assurer leur viabilité économique, afin de répondre aux problématiques des habitant·es du pays. 

Renforcer les femmes, la sécurité alimentaire et la coopération France-Mongolie, entre autres objectifs. 

Solutions et objectifs

• Souveraineté et sécurité alimentaire et nutritionnelle : au même titre que la France, la Mongolie doit renforcer son autonomie alimentaire pour faire face aux changements climatiques, au contexte mondial instable et à une situation sanitaire opaque pour les produits importés. Cela s’inscrit dans le programme national « Food security » lancé par le Président de Mongolie visant à réduire la dépendance aux importations alimentaires de Chine et de Russie en assurant la production de 19 principaux produits alimentaires localement d’ici les cinq prochaines années. Il existe également un enjeu fort de réduire la consommation de viande au vu de la part importante des maladies cardiovasculaires. Notre projet contribuera ainsi à renforcer la sécurité alimentaire et à améliorer la qualité nutritionnelle de l’alimentation. 
• Lutte contre le réchauffement climatique en adoptant une agriculture durable : les modèles de serres solaires passives et de celliers bioclimatiques sont respectueux de l’environnement, autonomes en énergie et résilients face au changement climatique. En favorisant leur développement, nous contribuons à la transition vers un modèle d’agriculture d’avenir, et donc à la lutte contre les changements climatiques. 
• Renforcement de la coopération entre la France et la Mongolie : la France et la Mongolie ont une relation bilatérale forte au regard de la place importante de l’agriculture dans l’économie, les traditions et la société (présence d’éleveurs Mongols au Sommet de l’Elevage en 2022, diverses importations d’animaux reproducteurs français, formations sur les indications géographiques, etc.). Dans le cas du Geres c’est l’expérience agricole Mongole qui a nourri la mise en place de projets, par le Geres, sur le territoire français en région PACA. Pour nous, ce projet contribue à renforcer un peu plus encore notre coopération pour le bien de toutes et tous.  
• Renforcement de l’entreprenariat des populations rurales : Le projet permettra d’établir plusieurs plans d’affaires au bénéfice des entrepreneurs et entrepreneuses de la filière maraîchère afin de favoriser les investissements dans des solutions passives et ainsi renforcer leurs activités.

Un focus assumé sur les femmes agricultrices comme bénéficiaires de cet accompagnement

Bénéficiaires

• 2 Coopératives qui seront accompagnées dans la construction de solutions agricoles passives et bénéficieront du transfert de connaissances du Geres, soit 20 personnes en tout (dont 60 % femmes).

• 30 Coopératives maraîchères qui seront ensuite bénéficiaires d’un plan d’affaires adapté et d’une formation associée, soit environ 300 personnes.

• De plus nombreuses cooperatives pourront etre benefiaires via la dissemination du business tool, ainsi que l’ensemble de leur entourage (augmentation du chiffre d’affaires de cette dernière permettant une amélioration des conditions de vie et du pouvoir d’achat)

Les partenaires techniques

• Association Nationale des coopératives agricoles Mongoles. Pour l’étude des capacités financières des coopératives, la dissémination de l’ outils auprès des coopératives ainsi que pour l’élaboration des recommandations et leur plaidoyer. 
• Province du Selenge. Pour le soutien de l’équipe projet dans l’ identification des fonds de développements régionaux, la dissémination de l’ outils de financements ainsi que pour l’élaboration des recommandations et leur plaidoyer.
• Université Mongole des Sciences Vivantes. Pour l’étude préliminaires des sols avant la construction des solutions agricoles passives et pour la dissémination de l outils de financement (site web et/ou dans le cursus de formation)
• Comité National pour l’égalité des Genres. Pour assurer la prise en compte des contraintes spécifiques des maraîchères (pas de collatéral, trop petite activité, problèmes dans les documents administratifs) dans l’ ensemble des activités.