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1 juillet 2021

Rapport du Haut Conseil pour le Climat : la France n’est pas préparée aux changements climatiques

Ce 30 juin 2021, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) a orienté son troisième rapport annuel sur la nécessité de « renforcer l’atténuation des changements climatiques et d’engager l’adaptation ». Un constat : l’action climatique en France est encore très loin d’être à la hauteur de l’urgence. On fait le point.

Aujourd’hui, une large majorité des Françaises et des Français pensent que l’hexagone sera obligé de prendre des mesures importantes pour s’adapter aux nouvelles conditions climatiques.

Une prise de conscience enfin généralisée qui s’est renforcée suite à la succession de températures records mesurées en France ces derniers mois, mais aussi dans de nombreux pays : au Canada, on observait 49,5°C ce mardi 30 juin, soit le record de chaleur le plus élevé jamais mesuré dans le pays depuis 1937, des fontes records de la banquise en Arctique (2020 est le 2e niveau le plus bas jamais enregistré selon l’OMM), une montée des eaux de plus en plus rapide et élevée. S’ajoutent à cela un dégel précoce du permafrost en cours dans l’hémisphère nord, libérant une énorme quantité de méthane dans l’atmosphère, et une Amazonie brésilienne devenue désormais émettrice de CO2, tout ceci contribuant à empirer la situation.

Ces phénomènes sont certes observés à un instant T mais leur survenance augmente progressivement sur la durée. Et c’est là tout le problème. Ils entrainent avec eux des inégalités qui se creusent entre les plus riches et les plus pauvres et un taux de mortalité qui monte du fait des conséquences du réchauffement global du climat.

Relire notre décryptage : pourquoi la crise du COVID-19 renforce le besoin de Solidarité climatique

D’après le Haut Conseil pour le Climat (HCC), l’organisme indépendant chargé d’évaluer la stratégie du gouvernement en matière climat, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) est insuffisante au niveau national. C’est pourquoi la climatologue franco-canadienne, Corrine le Quéré, et ses treize co-auteurs·rices ont décidé d’axer leur rapport sur l’atténuation et l’adaptation. Deux axes primordiaux dans leurs constats et recommandations.

Atténuer les changements climatiques, stopper les records de chaleurs historiques

Derrière l’atténuation, deux axes à prendre en compte : réduire la quantité de gaz à effet de serre (GES) émises vers l’atmosphère et développer des solutions bas carbone. En bref, chaque projet ou action entreprise par le gouvernement français doit rester compatible avec la limitation de la hausse des températures à +1,5°C, comme prévu par l’Accord de Paris. Mais aujourd’hui, la copie est à revoir !

Les expert·e·s du HCC notent qu’en 2020 la baisse des émissions de GES françaises (autour de 9%) serait principalement attribuable aux mesures restrictives liées à la crise sanitaire. Une fausse bonne nouvelle puisque, selon eux, il s’agit d’une réduction temporaire et non structurelle. De fait, les relevés montrent un effet rebond en fin d’année 2020, avec des émissions supérieures aux niveaux de 2019. Les efforts entrepris par le gouvernement sont donc encore trop faibles pour atteindre les objectifs prévus pour 2030 par la SNBC.

 

« Il faut pérenniser les investissement décarbonés du Plan de relance pour accélérer les changements structurels et créer les filières et emplois associés sur le long-terme » Rapport du Haut Conseil pour le Climat 2021

Renforcer significativement l’adaptation de la France

« Les politiques d’adaptation doivent être rapidement développées, en complément des stratégies d’atténuation » indique le rapport du HCC. En d’autres termes : il faut impérativement instaurer des actions concrètes pour réduire les vulnérabilités de notre système social, économique et environnemental face aux conséquences des changements climatiques, et s’y tenir.

Comment ? En prenant en compte trois indicateurs : l’exposition du territoire aux risques, sa sensibilité aux phénomènes climatiques et la capacité d’adaptation de la société, c’est-à-dire son aptitude à anticiper et répondre aux risques climatiques et à s’ajuster suite aux catastrophes ressenties.

Le HCC estime aujourd’hui que les deux tiers de la population française sont exposés aux risques climatiques. La France n’est pas prête et ne dispose pas d’outils robustes pour mesurer et, surtout, se prémunir des risques.

Une gouvernance française trop peu alignée avec les orientations de la SNBC

L’évaluation « climat » des lois par le HCC montre que les études d’impact restent trop insuffisantes et ne prennent que marginalement en compte les conséquences environnementales et climatiques des propositions votées.

Par exemple, en 2007, Nicolas Sarkozy s’exprimait déjà sur le sujet à l’occasion du Grenelle de l’environnement : « Toutes les décisions publiques seront désormais arbitrées en intégrant leur coût pour le climat ». Au 30 juin 2021, force est de constater que les paroles ne se sont pas traduites en actes.

Relire notre décryptage : Climat : “nous manquons d’un véritable projet de société”

La société n’est donc pas prête. Le comité d’expert·e·s déplore d’ailleurs dans son rapport les actions disparates pour l’adaptation prévues par le PNACC, le Plan National d’Adaptation aux Changements Climatiques sur le territoire, à défaut d’avoir une réelle stratégie planifiée de réponse aux conséquences en cours et à venir.

« Trop d’incertitudes persistent encore sur la mise en œuvre des politiques publiques » (Rapport du Haut Conseil pour le Climat 2021)

 

Clarifier, finaliser, pérenniser, améliorer, intégrer : 5 recommandations pour passer à l’action

  • Clarifier des politiques publiques encore peu lisibles. Les mesures en place et les calendriers de décarbonation actuels orientent insuffisamment les investissements, faute de perspectives claires et stables, à moyen et long terme, et d’horizons temporels trop éloignés.
  • Finaliser au plus vite les stratégies locales et les faire converger vers les objectifs nationaux, car ces documents permettent à l’ensemble des acteurs publics et privés de s’approprier les enjeux de décarbonation.
  • Pérenniser les aides et investissements inscrits au sein des plans de relance qui contribuent aux changements structurels bas-carbone.
  • Améliorer les processus d’évaluation et de suivi des politiques publiques, qui permettent de disposer de retours d’expériences rapides et d’accélérer les progrès.
  • Intégrer systématiquement l’adaptation aux changements climatiques dans les politiques aux échelons nationaux et territoriaux car les impacts d’un climat qui change se font déjà sentir.

Décryptage réalisé par Camille André, responsable programmes climat et développement, et Anna Revert, chargée de communication au Geres.

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